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voler sous la forme d’aigles blancs ou de cygnes sauvages ?

Cristiano avait pourtant déjà remarqué la physionomie particulière des mœurs de la Suède : l’isolement aventureux des habitations, l’énorme distance qui les sépare des petits groupes honorés du nom de village ; l’éparpillement de ces mêmes villages s’étendant quelquefois sur une surface de deux ou trois lieues et ralliés seulement par le dôme verdâtre du clocher de la paroisse ; le mépris des nobles pour le séjour des villes, attribué exclusivement aux bourgeois commerçants ; enfin la passion du désert jointe, par un bizarre contraste, à la passion d’une locomotion effrénée, en vue des réunions soudaines et en apparence impossibles. Mais Cristiano, bien qu’appelé à une fête de campagne, n’avait pas prévu que ces instincts caractéristiques du Suédois dussent augmenter en raison de la rigueur du climat, de la longueur des nuits et de la difficulté apparente des communications. C’est pourtant là une conséquence naturelle du besoin que l’homme éprouve de vaincre la nature et de mettre à profit les compensations qu’elle lui présente. Il y avait deux mois que le baron avait fait savoir à cinquante lieues à la ronde qu’il recevrait la noblesse du pays aux fêtes de Noël. Le baron n’était estimé ni aimé de personne, et cepen-