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y a trois nuits que je n’ai dormi. J’ai eu des malheurs, mon cher monsieur, et je ne me pique pas d’être au-dessus des événements de la vie… Le respect de moi-même me tient lieu de sublimité. Pourvu qu’un homme ne demande rien aux autres…

MAXWELL.

Il peut tout recevoir d’une femme !

MARCUS.

Plaît-il ?

MAXWELL.

Ne vous méprenez pas sur l’intention de mes paroles, elle est très-loyale : un homme peut tout recevoir de la femme qu’il aime sérieusement.

MARCUS.

J’aime Hélène autant que je puis aimer quelqu’un… Peut-être qu’à vos yeux mon contentement n’est pas d’un effet assez théâtral ?

MAXWELL.

Il est certain que cela manque complétement d’effet ; mais peu importe si le cœur est suffisamment ému !

MARCUS.

Monsieur Maxwell, vous semblez jaloux de mon bonheur ?

MAXWELL.

J’en eusse été jaloux à votre âge.

MARCUS.

Vous êtes encore jeune, monsieur Maxwell ! et, avec cela, vous êtes du pays des lacs brumeux et des manoirs romantiques ; votre grave profession, vos grands talents, devant lesquels je m’incline, ne vous empêchent pas d’exhaler encore un parfum de lis sauvage et de clair de lune, de Walter-Scott et de bourgeon de sapin ! Ici, nous avons la rêverie moins subtile, mais plus gaie. Nous sommes un peu classi-