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MAXWELL.

Je crois qu’il n’y vient jamais. N’est-il pas fixé à Édimbourg ? Enfin, vous appréhendez…

HÉLÈNE.

Une chose terrible ! Je crains que ma grand’mère ne meure sans l’avoir revu !

MAXWELL, attentif.

Vous n’avez pas ouï dire qu’il fût malade ?

HÉLÈNE.

Non ; mais, si je le perdais, j’aurais à pleurer cette longue douleur de ma grand’mère, dont j’aurais été la cause et qui aurait peut-être abrégé sa vie.

MAXWELL.

Nous la ferons vivre, mademoiselle Hélène ! Le bon vieux docteur Pons la voit toujours ?

HÉLÈNE.

Oh ! lui, c’est le médecin Tant-Pis, et, quand on espère si peu, on n’agit pas assez.

MAXWELL.

C’est un homme de savoir et d’expérience, mais un peu matérialiste. Il parle toujours de la nature comme si l’esprit n’en faisait point partie. Moi, je crois que l’âme gouverne, et j’attends toujours d’elle de grands efforts, surtout quand elle est grande !

HÉLÈNE.

Aussi, quand vous êtes là, près de nous, je me sens revivre. Vous n’avez jamais dû perdre les malades qui vous étaient chers ?

MAXWELL.

Hélas ! j’ai perdu une personne qui m’était plus chère que moi-même !

HÉLÈNE.

Alors, c’est qu’elle a voulu mourir ?