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» Cette relique, ce caveau, ce crucifix me devinrent sacrés. Ce fut sous cette voûte sombre et froide que j’allai souvent éteindre l’ardeur de mon sang. J’enveloppai d’un nouveau vêtement la dépouille sacrée du prêtre. Je m’agenouillai chaque jour auprès d’elle. Souvent je lui parlai à haute voix dans les agitations de ma souffrance, comme à un compagnon d’exil et de douleur. Je me pris d’une sainte et folle affection pour ce cadavre. Je me confessai à lui : je lui racontai les angoisses de mon ame ; je lui demandai de se placer entre le ciel et moi pour nous réconcilier ; et souvent, dans mes rêves, je le vis passer devant mon grabat comme l’esprit des visions de Job, et je l’entendis murmurer d’une voix faible comme la brise des paroles de terreur ou d’espoir.

» J’aimais aussi dans cette chapelle souterraine un grand christ de marbre blanc qui, placé au fond d’une niche, avait dû être autrefois inondé de lumière par une ouverture