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guai, sous les plis du lin et de l’étamine, la forme et l’attitude d’un homme agenouillé ; sa tête, inclinée sur ses mains jointes, était cachée par un capuchon noir ; il semblait plongé dans un recueillement si profond, si imposant, que je reculai frappée de superstition et de terreur. Je n’osais plus faire un mouvement, car l’air extérieur auquel j’avais ouvert un passage agitait le vêtement poudreux, et l’homme semblait se mouvoir : on aurait dit qu’il allait se lever.

» Était-il possible qu’un homme eût survécu au massacre de ses frères, qu’il eût pu exister trente ans, confiné par la douleur et l’austérité, dans ces souterrains dont j’ignorais la profondeur et les issues ? Un instant je le crus, et, craignant d’interrompre sa méditation, je restai immobile, enchaînée par le respect, cherchant ce que j’allais lui dire, prête à me retirer sans oser lui parler. Mais à mesure que mes yeux s’accoutumèrent à l’obscurité, je distinguai les plis flasques de