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nomma de deux noms chéris, en versant des larmes comme un enfant.

Quand le jour parut, tous les météores s’éteignirent. Les deux flammes mystérieuses se tinrent quelque temps sur le milieu du lac, comme si elles eussent eu de la peine à se séparer. Puis elles furent chassées toutes deux en sens contraire, comme si elles allaient rejoindre chacune la tombe qu’elle habitait. Quand elles se furent effacées, Trenmor passa sa main sur son front comme pour en chasser le rêve affaiblissant d’une nuit de douleur et de tendresse. Il remonta vers la tombe de Sténio, et un instant il s’arrêta incertain :

— Que ferai-je sans vous dans la vie ? s’écria-t-il ; à quoi serai-je utile ? à qui m’intéresserai-je ? À quoi me serviront ma sagesse et ma force, si je n’ai plus d’amis à consoler et à soutenir ? Ne vaudrait-il pas mieux avoir une tombe au bord de cette eau si belle, auprès de ces deux tombes silencieuses ? —