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ne comprenait rien aux discours de Lélia. Il la voyait seulement et il la trouvait belle ; sa passion se réveillait avec violence, il ne se souvenait plus que des désirs qu’il avait si long-temps comprimés et qui le dévoraient plus que jamais.

Quand il la vit embrasser Sténio, une affreuse jalousie, qu’il n’avait jamais connue parce qu’il n’avait pas eu occasion de la ressentir, éclata en lui. Il aurait frappé Sténio, s’il l’eût osé ; mais ce cadavre lui faisait peur, et le désir s’allumait en lui encore plus intense que la vengeance.

Il s’élança sur les traces de Lélia, et, comme elle tournait le sentier, il la saisit par le bras.

Lélia se retourna sans crier, sans tressaillir, et regarda cette figure hâve, cet œil sanglant, cette bouche tremblante, sans peur et presque sans surprise.

— Femme, lui dit le moine, tu m’as assez fait souffrir ; console-moi, aime-moi.