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parce que tu as refusé de te confier dans une sagesse qui n’était pas la tienne. Tu as payé trop cher la lumière qui est venue éclairer tes derniers jours, pour qu’il te reproche d’avoir long-temps erré dans les ténèbres. Le savoir douloureux et terrible que tu emportes avec toi n’a pas besoin d’expiation, car ta lèvre s’est desséchée en goûtant le fruit que tu avais cueilli.

Je t’aimais, Sténio, sans pouvoir te consoler ; j’admirais, sans pouvoir y répondre, ce besoin indéfini d’expansion et de dévouement qui dévorait ton sang et brûlait ton cerveau. Je regrettais les épreuves implacables qui m’avaient convaincue de mon impuissance ; mais les nier et les méconnaître, n’eût-ce pas été une impiété, un lâche mensonge ? Si je t’avais dit : — Les plaies que je t’ai montrées, les blessures que tu as comptées, ne sont pas inguérissables ; espérons que la confiance, la mutuelle abnégation, réchaufferont mon cœur attiédi ; espérons qu’en m’appuyant