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son ame aura trouvé le pardon ? Que savons-nous ? Il peut s’être trompé… Dans les ténèbres de la nuit… un accident peut arriver… Parlez donc, mon fils, avez-vous des preuves certaines du suicide ?

Magnus hésita ; il eut envie de dire que non ; il espéra tromper la clairvoyance de Dieu, et, au moyen des sacremens de l’église, envoyer au ciel cette ame condamnée par l’Église ; mais il ne l’osa pas. Il avoua, en frémissant, toute la vérité, il rapporta les paroles écrites sur le sable : « Magnus, va dire à Trenmor qu’il me retrouvera ici. »

— Il est donc trop vrai ! dit le prieur en laissant rouler des larmes sur sa barbe blanche ; il n’y a pas moyen d’échapper à cette funeste lumière. Pauvre enfant ! Mon Dieu, votre justice est sévère et votre colère est terrible !…

— Allez, Magnus, ajouta le vieillard après un instant de silence, faites fermer les portes du couvent, et priez quelque bûcheron ou