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— Parlez-moi de Sténio ! s’écria le prieur d’un ton sévère. Oubliez-vous un peu vous-même. Votre ame est-elle plus précieuse que la sienne, pour que nous l’abandonnions ainsi ? Commençons par prier pour le pécheur que Dieu a châtié, nous verrons ensuite à vous purifier. Où est le corps du jeune homme ? Avez-vous récité les psaumes sur sa dépouille mortelle ? L’avez-vous aspergée de l’eau qui purifie ? L’avez-vous fait porter au seuil de la chapelle ? Avez-vous dit au Chapitre de se rassembler ? Le soleil est déjà haut dans le ciel, qu’avez-vous fait depuis son lever ?

— Rien, dit le moine consterné, j’ai perdu le sentiment de l’existence ; et, quand je suis revenu à moi-même, je me suis dit que j’étais perdu.

— Et Sténio, Sténio ? cria le vieillard.

— Sténio, reprit le moine, n’est-il pas perdu sans retour ? Avons-nous le droit de prier pour lui ? Dieu révoquera-t-il pour lui