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tomber auprès de Sténio, il laissa échapper des cris sourds et inarticulés.

Des pâtres de la vallée, qui passèrent sur l’autre rive du lac, virent ce moine désolé qui faisait de vains efforts pour retirer de l’eau le cadavre de son ami. Ils descendirent par une pente plus douce, et avec des branches et des cordes ils emportèrent l’homme mort et l’homme vivant sur l’escarpement de l’autre bord.

Les pâtres ne savaient pas le secret de la mort de Sténio ; ils portaient religieusement sur leurs épaules le moine et le poëte ; ils s’interrogeaient entre eux d’un regard avide et inquiet, interrompant quelquefois le silence de leur marche pour essayer quelque timide conjecture ; mais pas un d’entre eux ne soupçonnait la vérité.

L’évanouissement de Magnus semblait à ces intelligences rudes et grossières un spectacle de pitié, plutôt qu’un objet de sympathie. Ils se demandaient comment un prêtre,