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d’esprit où vous êtes, répondit Magnus. Venez avec moi.

— Que craignez-vous ? lui dit froidement Sténio ; n’ai-je pas juré à Trenmor qu’il me retrouverait ici ? N’est-ce pas demain seulement que le terme expire, et que je serai libre de vous quitter si Trenmor n’est pas revenu ? Quelle pensée roulez-vous dans votre regard effaré ?

— Je me suis trompé, pensa le moine crédule ; ses desseins ne sont pas mauvais. Trenmor reviendra demain, et cette nuit je vais prier.

Le moine s’agenouilla sur le marbre où la lune semait le reflet des améthistes et des pâles rubis du vitrail. Au bout d’une heure, il retourna au bord du lac. Sténio n’y était plus. Le moine eut un sentiment de frayeur. Il se pencha sur le lac ; la lune était couchée, on ne distinguait au fond de l’abîme qu’une vapeur morne étendue sur les roseaux comme un linceul. Un silence profond régnait par-