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m’avez pas données, vous m’avez entr’ouvert les portes du bonheur, et vous les avez refermées devant moi. Sans vous j’aurais accepté la vie pauvre et les sobres plaisirs de la réalité, j’aurais vécu seul, sans ennui, sans inquiétude. Vous m’avez dit que dans l’échange et l’association des ames il y avait de sublimes joies ; je l’ai cru, et voici que je suis seul et désolé, éclairé sans retour sur le néant de vos promesses, car vous avez laissé le mal se faire et ma ruine se consommer ; vous viendriez trop tard aujourd’hui !…

Et toi, pouvoir inconnu que j’ai naïvement adoré jadis, maître mystérieux de nos chétives destinées, que je reconnais encore, mais devant qui je ne me prosterne plus, si mon devoir est de fléchir le genou et de te bénir de cette vie amère, manifeste ta présence et fais que j’espère au moins être entendu de toi !… Mais qu’ai-je à espérer ou à craindre ? Que suis-je pour exciter ta colère ou mériter ton amour ? Qu’ai-je fait ici-bas de bon ou de