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tonnera d’avoir traversé ces ténèbres sans songer à Dieu, sans espérer le réveil. — Où étais-tu donc, ô mon Dieu ? dira-t-elle, et que suis-je devenue dans ce tourbillon rapide qui m’a entraînée un instant ? — Mais Dieu la consolera et la soumettra peut-être à d’autres épreuves, car elle les redemandera avec instance. Heureuse et fière d’avoir retrouvé la volonté, elle voudra en faire usage, elle sentira que l’activité est l’élément des forts ; elle s’étonnera d’avoir abdiqué sa couronne d’étoiles ; elle demandera son rôle parmi les Dominations célestes et le reprendra avec éclat ; car Dieu est bon et n’envoie peut-être les rudes épreuves du désespoir qu’à ses élus, pour leur rendre plus précieux ensuite l’emploi de la puissance. Va, la plus divine faculté de l’ame, le désir, n’est qu’endormie en toi, Sténio. Laisse reprendre à ton corps quelque vigueur, donne à ton sang quelques jours de repos, et tu sentiras se réveiller cette ardeur sainte du cœur, cette aspiration infinie