Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reprit Trenmor, et que les souffrances de cette ame blessée n’altèrent point la confiance de la vôtre. Ne vous lassez point de travailler, et que la tentation du néant s’émousse comme une caresse menteuse. Vous auriez plus de peine à devenir incrédule qu’à garder le trésor de la foi. Ne l’écoutez point, car il se ment à lui-même et craint les choses qu’il affirme, bien loin de les désirer. Et toi, Sténio, tu travailles vainement à éteindre en toi le flambeau sacré de l’intelligence. Sa flamme se ranime plus vive et plus belle à chacun de tes efforts pour l’étouffer. Tu aspires au ciel malgré toi, et ton ame de poëte ne peut chasser le souvenir douloureux de sa patrie. Quand Dieu, la rappelant de l’exil, l’aura purifiée de ses souillures et guérie de ses maux, elle se prosternera avec amour, et le remerciera d’avoir fait luire pour elle son éternelle lumière. Elle regardera derrière elle s’effacer comme un nuage ce rêve effrayant et sombre de la vie humaine, et s’é-