Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.

victoire remportée par l’esprit sur les tentations de la chair n’est peut-être pas si complète que je ne puisse vous faire rougir et pâlir encore en prononçant un nom de femme !… Allez, allez prier ; allumez l’encens devant l’autel de la Vierge, et baissez la tête sur le pavé de vos églises. Allez composer des traités sur la mortification et la résignation, mais laissez-moi jouir des derniers jours qui me restent. Dieu qui ne m’a pas, comme vous, favorisé d’une organisation supérieure, n’a mis à ma portée que des réalités communes, que des plaisirs vulgaires ; j’en veux user jusqu’au bout. N’ai-je pas, moi aussi, fait un pas immense dans le chemin de la raison, depuis que nous nous sommes quittés ? En voyant que je ne pouvais atteindre au ciel, ne me suis-je pas mis à marcher sur la terre, sans humeur et sans dédain ? N’ai-je pas accepté la vie telle qu’elle m’était destinée ? Et lorsque j’ai senti au-dedans de moi une ardeur inquiète et rebelle, des ambitions