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avec un mouvement de sombre colère, sur la pierre du sépulcre, pourquoi tenter sur moi de vains efforts ? Pourquoi me donner des conseils dont je ne puis profiter et des exemples qui sont au-dessus de mes forces ? Quel plaisir trouvez-vous à m’étaler vos richesses, à me montrer de quelle puissance vous êtes doués, de quels efforts vous êtes capables ? Hommes forts, hommes héroïques ! vases d’élection ; saints qui êtes sortis d’un galérien et d’un prêtre ; vous, forçat, qui avez assumé sur votre tête tous les châtimens de la vie sociale ; vous, moine, qui avez résumé dans quelques années de votre vie intérieure toutes les tortures de l’ame ; vous deux, qui avez souffert tout ce que les hommes peuvent souffrir, la satiété et la privation, l’un brisé par les coups, l’autre par le jeûne ; vous voici pourtant debout et le front levé vers le ciel, tandis que moi je rampe comme l’enfant prodigue au milieu des animaux immondes, c’est-à-dire des appétits grossiers et des