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obstinez à me cacher votre visage ? Je connais fort bien le son de votre voix, nous nous sommes vus déjà dans des temps meilleurs.

— Meilleurs ! dit Magnus, en laissant tomber lentement son capuchon, et en appuyant son front déjà chauve sur sa main desséchée, dans une attitude de doute mélancolique.

— Oui, meilleurs pour vous et pour moi, répondit Sténio ; car, à cette époque, les roses de la jeunesse s’épanouissaient sur mon visage, et, bien que vous eussiez l’air égaré et le pouls fébrile la dernière fois que je vous rencontrai sur la montagne, votre barbe était noire, mon père, et vos cheveux touffus.

— Vous attachez donc un grand prix à cette vaine et funeste jeunesse du corps, à cette dévorante énergie du sang qui colore le visage et qui brûle le crâne ? dit le moine chagrin.

— Et qu’avons-nous de plus précieux ? repartit le jeune homme ; de quelle autre ri-