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min et du datura, content d’être seul dans ces beaux lieux et s’y croyant presque roi ou dieu, il se rapprocha d’une haute et longue croisée, dont le vitrage colorié, étincelant au soleil, ressemblait au rideau de soie nuancé d’un harem. Il s’était assis sur les marges d’un bassin rempli de poissons, et s’amusait à suivre, au travers de l’eau limpide, la truite qui porte une souple armure d’argent parsemée de rubis, et la tanche revêtue d’un or pâle nuancé de vert. Il admirait la mollesse de leurs jeux, l’éclat de leurs yeux métalliques, l’agilité inconcevable de leur fuite peureuse lorsqu’il dessinait son ombre mobile sur les eaux. Tout-à-coup, des chants, tels que les saints doivent les faire entendre au pied du trône de Jehovah, partirent du fond de l’édifice mystérieux, et se mêlant aux vibrations de l’orgue et à la grande voix du buccin, remplir toute l’enceinte du monastère. Tout sembla faire silence pour écouter, et Sténio, frappé d’admiration, s’age-