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splendeurs de la richesse, l’homme seul manquait. Le râteau s’était récemment promené sur le sable de toutes les allées, comme pour effacer le souvenir des pas humains. Sténio eut une sorte de frayeur superstitieuse en y imprimant les siens. Il lui sembla qu’il allait détruire l’harmonie de cette scène magique et faire tomber sur lui les murailles enchantées de son rêve.

Car, dans la confusion de ses idées de poëte et de ses aberrations de malade, il ne voulait point croire à la réalité des choses qu’il voyait. En apercevant au loin, derrière les colonnades transparentes du cloître, les profondeurs désertes de la vallée, il s’imagina volontiers qu’au sein des bois il s’était endormi sous l’arbre favori d’une fée, et qu’à son réveil la coquette reine des prestiges l’avait environné des merveilles impalpables de son palais, pour le rendre amoureux ou fou.

Comme il se laissait mollement aller à cette fantaisie, enivré des suaves odeurs du jas-