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ment inondées semblait les revêtir encore d’une gaze d’argent. Au centre des ornemens symétriques que ces parterres dessinaient sur le sol, des fontaines, jaillissant dans des bassins de jaspe, élevaient leurs jets transparens dans l’air bleu du matin, et le premier rayon du soleil, qui commençait à dépasser le sommet de l’édifice, tombant sur cette pluie fine et bondissante, couronnait chaque jet d’une aigrette de diamans. De superbes faisans de Chine, qui se dérangeaient à peine sous les pieds de Sténio, promenaient parmi les fleurs leurs panaches de filagramme et leurs flancs de velours. Le paon étalait sur les gazons sa robe de pierreries, et le canard musqué, au poitrail d’émeraude, poursuivait, dans les bassins, les mouches d’or qui tracent sur la surface de l’eau des cercles insaisissables.

Au cri moqueur ou plaintif de ces oiseaux captifs, à leurs allures mélancoliques et fières, se mêlaient les mille voix joyeuses et bruyan-