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pour toi, tes yeux le cherchaient dans le ciel où il n’était pas. Ta foi lui prêtait des ailes lorsqu’il rampait sous tes pieds, parmi les lazzaroni qui dorment au seuil de ta villa. — Eh bien ! jeune fille, il en sera ainsi de toutes tes illusions, de tous tes amours. Retiens le souvenir de cette déception, si tu veux conserver ta jeunesse, ta beauté et la puissance de ton ame ; ou bien, si tu peux encore, après ceci, espérer et croire, ne te hâte pas de réaliser ton impatience, conserve et réfrène le désir dans ton ame ardente, prolonge de tout ton pouvoir cet aveuglement de l’espoir, cette enfance du cœur qui n’a qu’un jour et qui ne revient plus. Gouverne sagement, garde avec vigilance, dépense avec parcimonie le trésor de tes illusions ; car le jour où tu voudras obéir à la fougue de ta pensée, à la souffrance inquiète de tes sens, tu verras ton idole d’or et de diamant se changer en argile grossière ; tu ne presseras plus dans tes bras qu’un fantôme sans chaleur et sans vie. Tu