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sa tête chauve, ses mains décharnées, ses yeux éteints, ses lèvres flétries. Mets ta main sur ce cœur épuisé, compte les pulsations lentes et moribondes de ce vieillard de vingt ans. Regarde ces cheveux qui grisonnent autour d’un visage où le duvet viril n’a pas encore poussé ; et dis-moi, est-ce là le Sténio que tu avais rêvé, est-ce le poëte religieux, est-ce le sylphe embrasé que tu as cru voir passer dans tes visions célestes, lorsque tu chantais ses hymnes sur ta harpe au coucher du soleil ? Si tu avais jeté alors un coup-d’œil vers les marches de ton palais, tu aurais pu voir le pâle spectre qui te parle maintenant, assis sur un des lions de marbre qui gardent ta porte. Tu l’aurais vu, comme aujourd’hui, flétri, exténué, indifférent à ta beauté d’ange, à ta voix mélodieuse, curieux seulement d’entendre comment une princesse de quinze ans phrasait les mélodies inspirées par l’ivresse, écrites dans la débauche. Mais tu ne le voyais pas, Claudia ; heureusement