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n’était pas celui d’un prêtre ; mais la courtisane persistant dans son erreur, lui dit en allant à sa rencontre et en se faisant aussi belle et aussi douce qu’une madone : — Vienni, signor vescovo, o arcivescovo, o cardinale, ossia papa ; sois le bienvenu et donne-moi un baiser.

Trenmor donna un baiser à la courtisane, mais d’un air si indifférent et avec des lèvres si froides, qu’elle recula de trois pas en s’écriant à moitié colère, à moitié épouvantée : — Par les cheveux dorés de la Vierge ! c’est le baiser d’un spectre.

Mais elle reprit bientôt son effronterie, et voyant que Trenmor promenait un sombre regard d’anxiété sur les convives, elle l’attira vers un siége placé auprès du sien.

— Allons, mon bel abbé, dit-elle en lui présentant sa coupe d’argent ciselée par Benvenuto et couronnée de roses à la manière des voluptueuses orgies de la Grèce, réchauffe tes lèvres engourdies avec ce lacryma-christi.