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et sa démarche paisible, on l’eût vénéré comme un apôtre des anciens jours. Quoiqu’il n’eût ni rabat, ni tonsure, le premier bourgeois auquel il s’adressa le prit pour un prêtre à cause de son vêtement noir et de ses longs cheveux. Mais le digne homme recula de surprise lorsque l’étranger, d’un ton calme et modeste, demanda dans quel quartier de la ville était situé le palais de la signora Zinzolina.

— Votre seigneurie apostolique veut railler son très-dévoué serviteur, répondit le citadin en réprimant une exclamation de joie malicieuse. Votre eccellenza canonica se trompe de nom assurément… La Zinzolina… la signora Cort…

Le ton dont l’étranger répéta sa demande fut si absolu, si ferme, si glacial, que tous les plaisans, déjà groupés autour de lui, se regardèrent comme pour se demander quel était cet homme dont la voix et le geste commandaient la crainte.