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tager ; mais l’autre n’est pas fait pour moi, ou plutôt je ne suis pas faite pour le ressentir : car, loin de le mépriser, je n’ai qu’une compassion dédaigneuse pour les organisations appauvries, pour les facultés faussées qui pullulent en ces temps-ci et dont je suis un triste exemple. Mais telle que je suis, quel que soit le mécontentement avec lequel j’accepte ma destinée, il faut que je m’y soumette, et que je tire de mon infirme condition le meilleur parti possible. Il faut que je cesse de lutter contre mon impuissance, et que je rapetisse mes ambitions pour les mettre en harmonie avec mes forces.

Il est bien vrai que je souffre, qu’un affreux désespoir serait mon partage inévitable, si je ne reculais et ne cédais jour par jour du terrain à la nécessité. L’isolement du cœur me poursuit au sein des plus pures intimités. Je ne puis jamais arriver à ces épanchemens complets, à cet embrassement des ames, bon-