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fant, je leur ai donné le change pour les apaiser ? Quelle profanation ai-je donc commise en vous livrant aux caresses d’une femme belle et jeune, qui en vous prenant s’est donnée à vous sans dégradation, sans marché ? Pulchérie n’est point une courtisane vulgaire. Ses passions ne sont pas feintes, son ame n’est pas sordide. Elle s’inquiète peu des engagemens imaginaires d’un amour durable. Elle n’adore qu’un Dieu et ne sacrifie qu’à lui. Ce Dieu, c’est le plaisir. Mais elle a su le revêtir de poésie, d’une chasteté cynique et courageuse. Vos sens appelaient le plaisir qu’elle vous a donné, et que les miens vous eussent refusé. Pourquoi mépriser Pulchérie, parce qu’elle vous a satisfait ? Pourquoi maudire Lélia, parce qu’elle a cherché hors d’elle-même ce que vous lui demandiez et ce qu’elle ne possédait pas ?

À mesure que je vis, je ne puis me refuser à reconnaître que les idées adoptées par la jeunesse, sur l’exclusive ardeur de l’amour,