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poser silence au bruit discordant de mes pensées, aux combats tumultueux de mes folles fantaisies. Une autre femme, vous ne l’ignorez pas, belle et jeune, mais faible et chancelante, ne trouverait pas dans mon amour ignorant le bonheur et la sécurité qu’elle mériterait ; vainement demanderait-elle à ma pensée haletante la sagesse que je n’ai pas, la fermeté que je cherche encore. Ses caresses naïves m’affligeraient au lieu de me consoler, ses baisers seraient des plaintes, et ses larmes de joie des reproches sans réponse. Chaque fois qu’elle me dirait : — Va, et je te suivrai ! — je serais prêt à lui demander pardon.

C’est pourquoi, ô Lélia, je ne puis douter sans impiété, je ne puis nier sans blasphême, que Dieu ne vous ait créée pour éclairer ma route, qu’il ne vous ait choisie parmi ses anges de prédilection pour me conduire au terme marqué d’avance dans ses décrets éternels.

Je remets entre vos mains, non pas le soin