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vous étreindre et vous arracher des cris de souffrance. Venez à moi, Lélia, je serai patient et résigné. J’attendrai sans colère que votre sang se réchauffe et que votre cœur se dilate. Je ne vous commanderai pas une joie aussi prompte que la mienne. Je me dévouerai à votre bonheur, et, j’en suis sûr, un moment viendra où nos larmes se mêleront. Nos ames, confondues dans une commune félicité, remercieront Dieu. Je vivrai en vous. Vous retrouverez l’ivresse des jeunes années, plus vive peut-être et moins passagère.

Vous riez de mes espérances. Vous prenez en pitié ma confiance ambitieuse qui veut rallumer les cendres. Mais, ma pauvre Lélia, tant que le vent n’a pas balayé les cendres, ce n’est pas folie d’y chercher quelque tison enfoui qui n’attend que l’air pour se ranimer. Peut-être, ô ma Lélia, il y a dans ton cœur une partie ignorée de toi-même, qui n’a pas encore saigné, et que l’amour peut atteindre. Qui sait ce que renferme de puissance une