Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour qu’il te fléchisse ; car ma langue se refuse à de nouveaux sermens.

Tu me l’as dit souvent, et je n’avais pas besoin de tes révélations, je l’avais deviné : les hommes ont éprouvé sévèrement ta confiance et ta crédulité. Ton cœur a été sillonné de profondes blessures. Il a saigné long-temps, et ce n’est pas merveille si tes plaies en se refermant l’ont recouvert d’insensibles cicatrices. Mais tu ne sais donc pas, mon amour, que je t’aime pour les souffrances de ta vie passée ? Tu ne sais donc pas que j’adore en toi l’ame inébranlable qui a subi sans plier les orages de la vie ? Ne m’accuse pas de méchanceté ; si tu avais toujours vécu dans le calme et la joie, je sens que je t’aimerais moins. Si quelqu’un est coupable de mon amour, c’est Dieu sans doute ; car c’est lui qui a mis dans ma conscience l’admiration et le culte de la force, la dévotion pour le courage ; c’est lui qui m’ordonne de m’incliner devant toi. Tes souvenirs expliquent assez ta défiance. En