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sauvé, je suis rajeuni. Je sens en moi un homme nouveau. Je vis d’une vie plus suave et plus pleine. Lélia, je veux te remercier à genoux : car j’étais mourant, et tu as voulu me guérir, et tu m’as fait connaître les délices du ciel.

— Cher ange ! lui dit Lélia en l’entourant de ses bras, vous êtes donc heureux maintenant ?

— J’ai été le plus heureux des hommes, dit-il, mais je veux l’être encore. Ôte ton masque, Lélia. Pourquoi me cacher ton visage ? Rends-moi tes lèvres qui m’ont enivré : embrasse-moi comme tout à l’heure.

— Non, non : écoutez, dit Lélia, écoutez cette musique qui semble sortir de la mer et s’approcher de la grève sur la crète mouvante des vagues.

En effet, les sons d’un orchestre admirable s’élevaient sur les flots, et bientôt plusieurs gondoles remplies de musiciens et de masques sortirent successivement d’une pe-