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— Oh ! ne parle pas ainsi, Lélia. N’es-tu pas cent fois plus grande que moi devant lui ? N’as-tu pas aimé, n’as-tu pas souffert bien plus long-temps que moi ? Oh ! sois heureuse, et repose-toi enfin dans mes bras d’une si rude destinée. Ne te fatigue pas à m’aimer, ne tourmente pas ton pauvre cœur, dans la crainte de ne pas faire assez pour moi. Oh ! je te le dis encore, aime-moi comme tu pourras.

Lélia passa son bras autour du cou de Sténio ; elle déposa sur ses lèvres un long baiser de mère et d’amante ; puis elle lui montra avec un ineffable sourire le ciel qui venait de recevoir leur serment.

Sténio demeura ivre d’amour et de joie à ses pieds ; puis un long silence suivit cette étreinte.

— Eh bien, Sténio ! dit Lélia en sortant d’une longue et douce rêverie, qu’avez-vous à me dire ? Êtes-vous déjà moins heureux ?

— Oh non, mon ange ! répondit Sténio.