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cieux où le bruit des pas s’amortissait sur les tapis, Sténio crut voir passer rapidement près de lui une femme vêtue comme Lélia ou comme Pulchérie. Il ne s’en inquiéta point, car Lélia tenait toujours sa main, et il entra avec elle dans un boudoir délicieux. Elle ôta son masque, et le jeta dans un cabinet voisin ; puis elle revint s’asseoir près de Sténio sur un divan de soie brochée d’or, et un verrou fut tiré au-dehors par je ne sais quelle main malicieuse ou discrète.

— Sténio ! vous m’avez désobéi, dit Lélia. Je vous avais défendu de chercher à me revoir avant un mois, et voici déjà que vous couriez après moi.

— Est-ce pour me gronder que vous m’avez amené ici ? dit-il. Après une séparation qui m’a paru si longue, faut-il que je vous retrouve irritée contre moi ? N’y a-t-il pas un an que je vous ai quittée ? Comment voulez-vous que je sache le compte des jours qui se traînent loin de vous ?