Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vient ton mal : c’est d’avoir voulu séparer deux puissances que Dieu avait étroitement liées…

— Mais, ma sœur, reprit Lélia, n’avez-vous pas fait de même ?

— Nullement. J’ai donné la préférence à l’une sans exclure l’autre. Croyez-vous que le cœur reste étranger aux aspirations des sens ? L’amant qu’on embrasse n’est-il pas un frère, un enfant de Dieu, qui partage avec sa sœur les bienfaits de Dieu ? Pour vous, Lélia, qui avez tant de poésie à votre service, je m’étonne que vous ne trouviez pas cent moyens de relever la matière et d’embellir les impressions réelles. Je crois que le dédain seul vous arrête, et que si vous abjuriez cette injuste et folle disposition vous vivriez de la même vie que moi. Qui sait ? Avec plus d’énergie peut-être vous inspireriez de plus ardentes passions. Venez, courons ensemble sous ces allées sombres, où de temps en temps je vois scintiller faiblement l’or des costumes