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C’est à cette époque que je connus Trenmor et que je le méprisai. Mon mépris lui fit du mal, et il cessa d’emprunter à ses amis. Mais il eût fallu guérir de sa passion, et cela était peut-être au-dessus de ses forces.

Il eut recours à ces déplorables moyens qui soutiennent encore quelque temps les existences perdues. Il se livra aux usuriers, et parvint, quelques semaines encore, à combler les énormes déficit qu’amenaient de telles spéculations. Mais enfin les dettes grandirent, la fortune baissa, l’hydre aux cent têtes devint de plus en plus menaçante. Un jour Trenmor se trouva réduit à n’avoir plus un denier à jeter sur l’infernal tapis, plus un seul denier à montrer en cautionnement des millions qu’il devait.

Il m’a dit qu’une pensée lui était ce jour-là venue du ciel, mais son mauvais ange l’étouffa en lui. Il songea à moi, à moi qui n’étais pas son amie, et qui n’avais pas le droit de lui refuser des secours, à moi qui l’avais