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ployée ainsi, est sans profit pour la société, parce que l’homme qui dirige ses forces vers un pareil but, vole à ses semblables tout le bien qu’il aurait pu leur faire avec moins d’égoïsme. Mais, en le condamnant, ne le méprisez pas, petites organisations qui n’êtes capables ni de bien ni de mal ; ne mesurez qu’avec effroi le colosse de volonté qui lutte ainsi sur une mer fougueuse pour le seul plaisir d’exercer sa vigueur et de la jeter en dehors de lui. Son égoïsme le pousse au milieu des fatigues et des dangers, comme le vôtre vous enchaîne à de patientes et laborieuses professions. Combien comptez-vous, dans le monde, d’hommes qui travaillent pour la patrie sans songer à eux-mêmes ? Lui, il s’isole franchement, il se met à part, il dispose de son avenir, de son présent, de son repos, de son honneur. Il se condamne à la souffrance, à la fatigue. Déplorez son erreur, mais ne vous comparez pas à lui, dans le secret de votre orgueil, pour vous glorifier à