Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/343

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne pas le dédaigner, ma sagesse à ne pas désirer au-delà. Anacréon a écrit ma liturgie. J’ai pris l’antiquité pour modèle, et pour divinités les déesses nues de la Grèce. Je supporte les maux de la civilisation exagérée où nous sommes arrivés. Mais j’ai, pour me préserver du désespoir, la religion du plaisir… Ô Lélia, comme vous me regardez, comme vous m’écoutez avidement ! Je ne vous fais donc plus horreur ! Je ne suis donc plus la stupide et vile organisation dont vous vous êtes éloignée jadis avec tant de dégoût !

— Je ne t’ai jamais méprisée, ma sœur. Je te plaignais ; à cette heure, je m’étonne seulement de n’avoir pas à te plaindre. Oserai-je dire que je m’en réjouis ?

— Hypocrites spiritualistes, dit Pulchérie, vous craignez toujours de sanctionner les joies que vous ne partagez pas ! Oh ! vous pleurez à présent ! Vous baissez la tête, ma pauvre sœur ! Vous voilà courbée et brisée sous le poids de cette destinée que vous avez