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Après avoir marché long-temps, traversé beaucoup de groupes échevelés, et passé au milieu d’une joie fébrile et sans charme, elle s’assit fatiguée dans un lieu retiré qu’ombrageaient des thuyas de la Chine. Lélia se sentit oppressée. Elle regarda le ciel : les étoiles brillaient au-dessus de sa tête ; mais vers l’horizon elles étaient cachées sous un épais bandeau de nuages. Lélia souffrait. Enfin elle vit une pâle clarté glisser sur les arbres : c’était un éclair ; et elle s’expliqua le malaise qu’elle éprouvait, car l’orage lui causait toujours un mal physique, une inquiétude nerveuse, une irritation cérébrale ; je ne sais quoi enfin que toutes les femmes, sinon tous les hommes, ont ressenti.

Alors il lui prit un de ces désespoirs soudains qui s’emparent de nous souvent sans motif apparent, mais qui sont toujours l’effet d’un mal intérieur long-temps couvé dans le silence de l’esprit. L’ennui, l’horrible ennui, la prit à la gorge. Elle se sentit si découragée,