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lie qui se répandait sur le beau front de Paolaggi. Ascanio, convaincu qu’il allait devenir utile, commença à triompher. C’était un bon homme féroce, qui ne vivait que du supplice des autres ; il passait sa vie à leur prouver qu’ils étaient heureux, afin de ne pas leur accorder d’intérêt, et quand il leur avait ôté la douceur de se croire intéressans, ils le haïssaient plus que s’il les eût décapités.

Bambuccj offrit son bras à Lélia, et la conduisit dans le salon égyptien. Elle en admira la décoration, critiqua poliment quelques détails de style, et finit pourtant par combler de joie le savant Bambuccj, en lui déclarant qu’elle n’avait rien vu de mieux. En ce moment Paolaggi, qui s’était débarrassé d’Ascanio, l’homme heureux, reparut auprès de Lélia. Il avait revêtu un costume des temps anciens. Appuyé contre un sphinx de jaspe, il était le plus remarquable accident du tableau, et Lélia ne put le voir sans éprouver le même sentiment d’admiration que lui eût