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confiant et présomptueux sans prévoir la vie qui s’avance et qui va vous engloutir sous le poids de ses erreurs, vous défigurer sous le fard de ses promesses. Attendez, attendez quelques années, et vous direz comme nous : — Tout s’en va !

— Non, tout ne s’en va pas ! dit Sténio. Voyez donc ce soleil et cette terre, et ce beau ciel, et ces vertes collines, et cette glace même, fragile édifice des hivers, qui résiste depuis des siècles aux rayons de l’été. Ainsi prévaudra la frêle puissance de l’homme ! Et qu’importe la chute de quelques générations ? Pleurez-vous pour si peu de chose, Lélia ? Croyez-vous possible qu’une seule idée meure dans l’univers ? Cet héritage impérissable ne sera-t-il pas retrouvé intact dans la poussière de nos races éteintes, comme les inspirations de l’art et les découvertes de la science sortent chaque jour vivantes des cendres de Pompeïa ou des sépulcres de Memphis ? Oh ! la grande et frappante preuve de l’immortalité