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serions pas plus avancés. Nous ne connaissons pas les secrets de son organisation, nous ignorons combien de temps un monde constitué comme celui-ci peut et doit vivre. Mais je sens à mon cœur que nous marchons vers la lumière et la vie ; l’espoir brille dans notre ciel, voyez comme le soleil est beau ! comme il sourit vermeil et généreux aux montagnes qui s’empourprent de ses caresses et rougissent d’amour comme des vierges timides ! Ce n’est point avec la logique du raisonnement qu’on peut prouver l’existence de Dieu. On croit en lui parce qu’un céleste instinct le révèle. De même, on ne peut mesurer l’éternité avec le compas des sciences exactes, mais on sent dans son ame ce que le monde moral possède de sève et de fraîcheur, de même qu’on sent dans son être physique ce que l’air renferme de principes vivifians et toniques. Eh quoi ! vous respirez cette brise aromatique des montagnes sans qu’elle pénètre vos pores et raffermisse vos fibres ?