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baiser de femme. Il devint pâle, son cœur cessa de battre ; près de mourir, il la repoussa de toute sa force, car il n’avait jamais tant craint la mort qu’en cet instant où la vie se révélait à lui.

Il avait besoin de parler pour échapper à ces terribles caresses, à cet excès de bonheur qui était douloureux comme la fièvre.

— Oh ! dis-moi, s’écria-t-il en s’échappant de ses bras, dis-moi que tu m’aimes enfin !

— Ne te l’ai-je pas dit déjà, lui répondit-elle avec un regard et un sourire que Murillo eût donnés à la Vierge emportée aux cieux par les anges.

— Non, tu ne me l’as pas dit, répondit-il ; tu m’as dit, un jour où tu allais mourir, que tu voulais aimer. Cela voulait dire qu’au moment de perdre la vie tu regrettais de n’en avoir pas joui.

— Vous croyez donc cela, Sténio ? dit-elle avec un ton de coquetterie moqueuse.

— Je ne crois rien, mais je cherche à vous