Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.

porter à la fougue des désirs. Oh ! si j’avais osé m’y livrer tout-à-fait !… si j’avais osé revendiquer ma part de vie et posséder Lélia seulement par la volonté !… Mais cela même je ne l’osais pas. Il y avait toujours au fond de moi une crainte morne et stupide qui glaçait mon sang au plus fort de la fièvre. Satan ne voulait ni me prendre ni me lâcher. Dieu ne daignait ni m’appeler ni me repousser. Mais tous mes maux sont finis, car Lélia est morte, et je reviens à la foi ; elle est bien morte, n’est-ce pas ?

Le prêtre pencha sa tête sur son sein et tomba dans une profonde rêverie. Sténio le quitta sans qu’il s’en aperçût.