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ment agités, je respirais le suave parfum des violettes sauvages qui, au premier jour tiède qui se présente, au premier rayon de soleil pâle qui les convie, ouvrent leurs calices d’azur sous la mousse desséchée. Mais vous, vous ne songiez point à tout cela ; ni les fleurs, ni les forêts, ni le torrent n’appelaient vos regards. Nul objet sur la terre n’éveillait vos sensations, vous étiez toute au ciel. Et quand je vous montrai le spectacle enchanté qui s’étendait sous nos pieds, vous me dites en élevant la main vers la voûte éthérée : Regardez cela ! Ô Lélia ! vous soupiriez après votre patrie, n’est-ce pas ? vous demandiez à Dieu pourquoi il vous oubliait si long-temps parmi nous, pourquoi il ne vous rendait pas vos ailes blanches pour monter à lui ?

Mais hélas ! quand le froid qui commençait à souffler sur la bruyère nous eut forcés de chercher un abri dans la ville ; quand, attiré par les vibrations de cette cloche, je vous priai d’entrer dans l’église avec moi et