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le ciel dans un de vos baisers, et vous m’avez fait connaître l’enfer.

Pourtant, votre sourire était si doux, vos paroles si suaves et si consolantes, que je me laissai ensuite faire heureux par vous. Cette terrible émotion s’émoussa un peu, je vins à bout de toucher votre main sans frissonner. Vous me montriez le ciel, et j’y montais avec vos ailes.

J’étais heureux cette nuit en me rappelant votre dernier regard, vos derniers mots. Je ne me flattais pas, Lélia, je vous le jure ; je savais bien que je n’étais pas aimé de vous, mais je m’endormais dans ce mol engourdissement où vous m’aviez jeté. Voici déjà que vous me réveillez pour me crier de votre voix lugubre : — Souviens-toi, Sténio, que je ne puis pas t’aimer ! — Eh ! je le sais, Madame, je le sais trop bien !