Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ces costumes des temps passés, qui nous représentent des générations éteintes, ne sont-ils pas, au milieu de l’ivresse d’une fête, une effrayante leçon pour nous rappeler la briéveté des jours de l’homme ? Où sont les cerveaux passionnés qui brûlaient sous ces barrettes et sous ces turbans ? Où sont les cœurs jeunes et vivaces qui palpitaient sous ces pourpoints de soie, sous ces corsages brodés d’or et de perles ? Où sont les femmes orgueilleuses et belles qui se drapaient dans ces lourdes étoffes, qui couvraient leurs riches chevelures de ces gothiques joyaux ? Hélas ! où sont-ils ces rois d’un jour qui ont brillé comme nous ? Ils ont passé sans songer aux générations qui les avaient précédés, sans songer à celles qui devaient les suivre, sans songer à eux-mêmes qui se couvraient d’or et de parfums, qui s’entouraient de luxe et de mélodies, en attendant le froid du cercueil et l’oubli de la tombe.

— Ils se reposent d’avoir vécu, dit Tren-