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que cela s’appelle ! Eh bien ! la révélation de cela manque à l’esprit humain. Pour le remplacer, Dieu lui a donné l’amour, faible émanation du feu du ciel, ame de l’univers perceptible à l’homme ; cette étincelle divine, ce reflet du Très-Haut, sans lequel la plus belle création est sans valeur, sans lequel la beauté n’est qu’une image privée d’animation, l’amour, Lélia ne l’a pas. Qu’est-ce donc que Lélia ? Une ombre, un rêve, une idée tout au plus. Allez, là où il n’y a pas d’amour, il n’y a pas de femme.

— Et pensez-vous aussi, lui dit Trenmor sans répondre à ce que Sténio espérait être une question, pensez-vous aussi que là où il n’y a plus d’amour il n’y a plus d’homme ?

— Je le crois de toute mon ame, s’écria l’enfant.

— En ce cas je suis donc mort aussi, dit Trenmor en souriant, car je n’ai pas d’amour pour Lélia, et, si Lélia n’en inspire pas, quelle autre en aurait la puissance ! Eh bien, en-