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oiseau et au parfum d’une rose comme à des choses rares et nouvelles, si vous avez enfin repris à la vie, doucement, et par tous les pores, et par toutes les sensations une à une, vous pouvez comprendre ce que c’est enfin que le repos après les tempêtes de ma vie. — Je dois l’avouer pourtant, je m’étais parfois promis de cette vie nouvelle plus de bonheur qu’elle ne m’en a donné réellement. L’imagination de l’homme est ainsi faite : elle trouve des jouissances au-delà du présent ou en-deçà. Esclave, je goûtai de vives joies dans le sentiment de l’espoir et dans les rêves de l’avenir. Libre, il m’a fallu chercher ces joies promises dans le souvenir de l’esclavage, dans les rêves du passé. Eh bien ! cela est doux. Ces vagues souffrances de l’ame qui cherche, qui attend, qui désire, qui s’ignore elle-même, qui édifie les merveilles de la vie future et relève les ruines de la vie écoulée, ces aspirations tendres et tristes vers un bien inconnu qui jamais ne se