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templé avec délices, à travers l’étroit grillage d’une meurtrière, la scène immense et grandiose de la mer agitée, promenant sa houle convulsive et ses longues lames d’écume d’un horizon à l’autre avec la rapidité de l’éclair ! Qu’elle était belle alors, cette mer encadrée dans une fente d’airain ! Comme mon œil collé à cette ouverture jalouse étreignait avec transport l’immensité déployée devant moi ! Eh ! ne m’appartenait-elle pas tout entière, cette grande mer que mon regard pouvait embrasser, où ma pensée errait libre et vagabonde, plus rapide, plus souple, plus capricieuse dans son vol céleste que les hirondelles aux grandes ailes noires qui rasaient l’écume et se laissaient bercer endormies dans le vent ! Que m’importaient alors la prison et les chaînes ? Mon imagination chevauchait la tempête comme les ombres évoquées par la harpe d’Ossian. Depuis, je l’ai franchie sur un léger navire, cette mer où mon ame s’était promenée tant de fois. Eh bien ! alors