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si le corps y est habitué, ne pas en adopter l’usage si on ne l’a pas. Ne pas se laisser pleurer, les larmes débilitent et la prostration qu’elles amènent est suivie de réactions violentes et de mauvaises résolutions.

Surtout, surtout, ne jamais donner accès à la colère et à la vengeance. Ce sont de fausses dépenses de la force. Quelquefois malgré la bonté naturelle, on s’imagine qu’en se livrant à la fureur, on épuiserait l’énergie de la souffrance, mais la fureur alimente la fureur, comme les larmes alimentent les larmes. Les sources du bien et du mal sont intarissables. Erreur et folie de croire qu’on dort. Ménager les unes et laisser déborder les autres. Ne proscrivons cependant pas certaines larmes, celles de l’attendrissement et de la bonté. Lorsque après des pensées de haine et des désirs de vengeance, nous sentons que la douceur et la miséricorde l’emportent en nous, une émotion qui n’est pas sans charmes est comme la récompense de cette victoire. Dieu nous l’envoie, acceptons-la et n’en craignons pas l’excès.

Hélas, nous n’avons ni souvent, ni longtemps le droit de nous réjouir en nous-même.

Ne comptons pas trop sur nos forces et pourtant n’en doutons jamais !

Prier souvent, mais humblement, avec l’espoir et non la certitude d’être exaucé, car demander